En mission dans la zone méridionale du pays, l’équipe de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) conduite par la Présidente de la Sous-Commission Prévention de la Torture et autres Traitements Inhumains et Dégradants, la Commissaire Lambatim Hélène a commencé sa visite à Bongor.


 

Ce Mercredi 5 février 2025, l’équipe de la CNDH est allée présenter ses civilités au Gouverneur de la province du Mayo kebbi Est Abdelkerim SeidBauche et esquisser l’objet de sa mission. Il s’agit de s’enquérir des conditions légales de détention dans les maisons d’arrêts ciblées afin de contribuer à l’amélioration de la situation des droits de l’homme, conformément aux standards internationaux.


 

Très réceptif, le Gouverneur de la province du Mayo kebbi Est a, sans détours, informé la délégation de la situation préoccupante de la maison d’arrêt de Bongor. Celle-ci connait une inquiétante surpopulation carcérale. En effet, prévue pour accueillir quelque 450 détenus, elle en héberge, au bas mot, 600. Selon le premier responsable de l’administration du Mayo-KebbiEst, le décongestionnement de cette prison, qui regorge des multirécidivistes,par le biais d’un transfèrement vers Moussoro, s’impose. 

Abondant dans le même sens, le Président du Tribunal de Grande Instance de Bongor Doh Ousmane Adah a justifié la surpopulation carcérale par l’afflux des prisonniers des autres maisons d’arrêt voisines à l’instar de celles de Moundou, Pala, Fianga et Guelendeng.

L'alimentation des détenus constitue aussi un souci majeur pour le Présidentdu Tribunal de Grande Instance de Bongor. Après ces échanges, l’équipe de la CNDH s’est effectivement rendue compte, à la faveur d’une descente à la maison d’arrêt de Bongor, des problèmes auxquels sont confrontés les compatriotes privés de liberté.

Surpopulation carcérale, alimentation insuffisante et de qualité médiocre, absence de literie et difficultés rencontrées par les détenus pour faire se soigner et se déplacer pour l’hôpital tels sont les constats fait sur le terrain.

Ces constats sont confirmés par le Directeur de la maison d’arrêt de Bongor pour qui la surpopulation carcérale s’explique surtout par le transfèrement des prisonniers de Guelendeng, Il arrive chaque deux semaines de ce chef-lieu de département, une trentaine de condamnés à de lourdes peines de prison, soutient-il avant de s’alarmer que Guelendeng ne dispose que d’une justice de paix. 60% des personnes condamnées sont astreintes à des peines de longues durées, renchérit-il.

La situation alimentaire est encore très grave, car depuis mars 2024, la maison d’arrêt de Bongor ne reçoit que 26 sacs de mil par mois pour nourrir ses pensionnaires.

L'infirmerie n'existe que de nom. L'infirmier major a regagné son corps d'origine. Un infirmier a été affecté à la maison d'arrêt mais ce dernier s'est suicidé le 23 janvier 2025. Ce qui oblige la maison d'arrêt à s'occuper des malades avec des moyens de bord. Un prisonnier est décédé le 31 janvier 2025, faute de soins alors qu'il avait reçu avant son incarcération un choc au cours d'un accident de la circulation. Il était un chauffeur.

A ce triste tableau, il faut ajouter que la maison d'arrêt n'a pas de véhicule pour transporter les malades au centre hospitalier pour des soins appropriés.

La maison d'arrêt de Bongor est subdivisée en plusieurs compartiments au nombre desquels celui des femmes et des mineurs qui sont au nombre de 11. L'encadrement de la maison d'arrêt compte deux femmes sur les 16 agents